Mon Etoile de feu et de fer /

Dans l’atelier du silence,
là où le fer se tord sous la flamme,
tu as levé les yeux,
et j’ai vu dans ton regard
le reflet d’un ciel que je croyais perdu.

Entre nos mains brûlées de création,
le feu a parlé son langage ancien :
celui de la rencontre fragile,
entre la matière et le souffle,
entre le vide et la lumière.

Tu es venue comme une étincelle,
une comète glissant sur mon orbite,
sans promesse, sans ancrage,
juste la trace chaude
d’un passage dans l’infini.

Depuis, je forge dans la nuit
des formes qui te ressemblent,
des visages d’acier où tremble encore ton ombre.
Chaque soudure est une mémoire,
chaque étincelle un battement.

Je ne t’attends plus,
je te célèbre,
toi, la fugitive du cœur,
toi, la lumière qui m’a appris
que même le fer peut aimer,
et que le feu, parfois,
pleure doucement.

Forgée en acier corten, matière brute et sensible qui se patine avec le temps, cette sculpture réinterprète Manon des sources, héroïne de Marcel Pagnol, à travers un regard contemporain.

Manon se tient légèrement penchée vers l’avant, comme saisie dans l’instant d’un pas à venir. Ce mouvement contenu traduit son élan vers la justice, son désir d’avancer sans renier la terre qui l’a vue naître. Dans sa main, elle tient une branche d’olivier, symbole de paix et d’enracinement, qui la relie à la Provence, sa matrice lumineuse et rude.

Son corps d’acier ajouré capte la lumière comme l’eau capte le ciel. Les vides et les reflets créent un jeu fluide où circule le souffle : Manon devient la source elle-même, à la fois force vitale et conscience du monde. L’eau ne jaillit plus à ses pieds, elle vit en elle, claire, libre, indomptable.

Aux pieds, ses baskets ancrent la légende dans notre époque et invitent les jeunes femmes à s’y reconnaître : indépendantes, courageuses, éprises de vérité.
Aux oreilles, de discrètes boucles captent la lumière et la restituent comme une vibration intérieure. Elles symbolisent l’écoute, celle du monde, de la nature, des murmures de l’eau, et rappellent la féminité assumée de Manon, forte et sensible à la fois.

L’acier corten, avec ses teintes chaudes et ses nuances changeantes, relie la sculpture aux éléments : la terre, l’eau, la lumière et le temps.

Ainsi, cette Manon des sources réunit la force de la terre et la fluidité de l’eau, la mémoire de Pagnol et la jeunesse d’aujourd’hui.
Elle avance, habitée par la lumière, la justice et la paix, comme une source humaine qui ne tarit jamais.

Réalisé en acier soudé, recouvert d’une peinture vert-de-gris et doré à la feuille d’or, ce monument rend hommage à toutes les victimes des guerres, sans distinction de nation, d’origine ou de condition.

L’œuvre s’articule en deux grands panneaux verticaux, comme deux piliers se faisant face — deux fragments d’humanité séparés par le conflit, mais unis dans la mémoire.

D’un côté, le panneau militaire fait surgir de la matière les visages casqués des soldats, leurs traits à demi effacés par le temps. Leurs silhouettes, figées dans l’acier, rappellent le courage, la souffrance et la fraternité de ceux qui ont combattu.

En vis-à-vis, le panneau civil présente les figures d’hommes, de femmes et d’enfants de toutes origines. Ce sont les témoins, les survivants, les victimes silencieuses. Leur diversité affirme l’universalité de la douleur et de la perte, mais aussi la force commune de l’humanité face à la guerre.

Les mains tendues — de tous âges et de toutes formes — s’élancent d’un panneau à l’autre, cherchant à se rejoindre à travers le vide. Elles symbolisent le lien fragile entre le monde des vivants et celui des disparus, entre la guerre et la paix, entre les peuples divisés mais semblables.

Le vert-de-gris, teinte du métal vieilli, évoque la mémoire, la trace du temps et la paix après la tempête. Les rehauts d’or apportent une lumière sacrée, transfigurant la souffrance en hommage, la perte en espérance.

Enfin, l’oiseau perché au sommet de la sculpture incarne la liberté retrouvée, la vie qui triomphe et la promesse d’un avenir apaisé.

Ainsi, ce monument se veut un lieu de recueillement universel, où la matière se fait mémoire et où l’art transcende la guerre pour célébrer la dignité humaine.